Budo

Je me souviens de cette salle dans laquelle je n'avais jamais mis les pieds et ce jour là, c'était pour un événement important : mon premier passage de grade. Je n'avais probablement pas plus de 10 ans. Il y avait au fond de la salle un gigantesque drapeau coréen, taekwondo oblige. A partir de là, je n'ai plus aucun souvenir à part quelques rares images floues. Des bribes de mémoire fantasmagoriques et sans consistance. J'ai, il me semble, eu ma ceinture jaune à cette occasion... peut-être. Avec netteté, ce drapeau et un apaisement de le voir à en devenir fier.

Je me souviens d'un entraînement en plein air. Mon père était venu cette fois là. Cela se déroulait au centre culturel français. Le sol était rêche et nous étions pieds nus. Les pompes sur ce ciment pierreux. Mais là aussi, la fierté de travailler. De pratiquer. Je n'ai pas souvenir d'une quelconque douleur et pourtant, la première réflexion était l'étonnement d'avoir à pratiquer sur cette surface. Il me semble aussi que nous avons eu droit à un coucher de soleil rougeoyant ce jour là. Cela s'est passé avant ce passage de grades.

Et puis le professeur est parti. Emportant avec lui la caisse... Oui car dans le budo, il y a aussi des gens malhonnêtes... Il faudra tout de même que je repose la question à mon père. Peut-être aurais je droit à d'autres éclaircissements... enfin ! S'il s'en souvient.

Quelques années plus tard : du karaté. Nous n'étions pas nombreux. Ce n'était pas loin de chez moi. J'étais fier d'aller à la salle (on pouvait difficilement parler d'un dojo) en kimono. Bon je ne l'ai fait qu'une fois, la fois suivante je n'avais que le bas et le haut était plié et noué avec la ceinture. Je me souviens que j'aimais beaucoup plié mon keikogi correctement. Tout comme maintenant, j'aime plié mon hakama avec sérénité et aussi bien que possible. Lors d'un cours pour adulte (mon professeur nous avait demandé à un copain et moi d'y participer, estimant que nous pouvions suivre), je suis tombé sur un gars, Maxime (étonnant que je me souviennes encore de son prénom, je devais avoir 14 ans à l'époque) un peu plus âgé que moi (un an ou deux) et qui m'a allumé et je lui ai rendu. Cela ne lui a pas plu et il m'a couru après jusqu'à me frapper dans le dos. Oui car dans le budo, il y a aussi les petits cons...

C'est peut-être ce qui m'a dissuadé de reprendre une activité martiale avant plusieurs années... Je le regrette. En même temps, je suis tombé sur l'aïkibudo et toutes ces possibilités. Et depuis plus de 10 ans maintenant, je pratique à mon rythme et je persévère dans cette direction. Avec certitude, je peux dire que c'est aussi grâce à cela que j'ai pu endurer certaines épreuves sans complétement m'écrouler. Car tout art martial apprend à ne jamais se précipiter et toujours prendre le temps de l'analyse, ne pas se jeter dans la bataille corps et âme. Ne pas craindre la mort, mais inversement ne pas courir vers elle. Garder la tête froide et respirer. Importante respiration qui nous donne les forces de tenir, même si la bataille, et surtout si la bataille doit durer jusqu'au lendemain.

On ne rentre pas dans un combat, en se disant qu'il ne va durer que quelques minutes... On ne suit pas la voie martiale en se disant que l'on aura tout appris en quelques années. Le budo c'est une vie. C'est je crois, devenu la mienne. Mais de cela, je ne pourrais en être certain qu'au seuil.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://blog.passetemps.net/index.php?trackback/215

Fil des commentaires de ce billet